Les pilotes craignent d’être remplacés par l’intelligence artificielle aux commandes des avions


« Le commandant ChatGPT et son équipage sont heureux de vous accueillir à bord… » Pour éviter qu’une telle annonce résonne un jour dans un avion, le Syndicat national des pilotes de lignes (SNPL), qui rassemble plus de 75 % des pilotes de ligne en France, a décidé de se mobiliser.

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Depuis quelque temps, « à bas bruit, une petite musique laisse entendre que la réduction, ou même la suppression, du nombre de pilotes pourrait être une idée séduisante », dénonce Antoine Godier, commandant de bord chez Air France et porte-parole du SNPL. Le syndicat « lance l’alerte face au souhait de certains constructeurs de remplacer des pilotes par l’intelligence artificielle ». Et de citer Airbus, qui, selon lui, avance sur des technologies permettant de diminuer le nombre de pilotes à bord. Pas du tout, se défend le constructeur, qui dit, au contraire, « travailler sur des technologies pour améliorer la sécurité à bord ».

Parmi les programmes développés par Airbus, Dragonfly inquiète particulièrement les pilotes. Développé sur un long-courrier A350 par Airbus UpNext, filiale consacrée à l’innovation, il permet à un appareil de voler de façon autonome, c’est-à-dire sans pilote. Avec ce logiciel, développé depuis deux ans et en démonstration sur un A350 depuis cette année, l’avion peut « décoller et atterrir de façon automatisée ».

Une hérésie

Pour Airbus, le programme n’aurait pas vocation à se substituer aux navigants, sauf « en cas d’incapacité des pilotes, alors l’avion prend le relais et décide où il va atterrir ». Mieux, avec « une voix synthétique, l’avion peut même interagir avec le contrôle aérien », ajoute le constructeur. En clair, avec l’ajout de nouvelles technologies et d’une intelligence artificielle embarquées, l’engin pourrait désormais décoller, voler puis atterrir et rouler sur l’aéroport de son choix sans intervention humaine.

Dragonfly n’est pas le seul projet développé par Airbus susceptible de remettre en question le nombre de pilotes dans le cockpit. L’avionneur européen et l’Agence européenne de sécurité aérienne mettent au point le projet EMCO (Extended Minimum Crew Operations, « opérations d’équipage minimal étendues »). L’objectif, selon Airbus, est de « gérer la fatigue et les temps de repos des pilotes dans le cockpit ». L’idée serait, pendant un vol long-courrier, de permettre à un pilote d’aller se reposer pendant que l’autre reste seul dans le cockpit et que les logiciels embarqués se chargent de « piloter » l’avion. Alléger les contraintes des pilotes leur permettrait aussi de « prendre des décisions plutôt que de piloter l’avion », avance-t-on chez Airbus.

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Catégorie article Politique

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